Chapitre 1 : Dépôt du dossier

  Mercredi 4 février 2004

00h30 – moins 20°C, arrivée à Nizhny Novgorod.

9h30 : rencontre pour la première fois avec Julia, notre facilitatrice russe à la réception de l’hôtel.

10h00 : dépôt du dossier au Ministère. Il faut attendre ce soir pour savoir si dossier OK et si on pourra rencontrer un enfant car le petit garçon que nous devions rencontrer a été proposé lundi dernier à des italiens, qui ont donné leur accord.

        Promenade dans Nizhny.

18h00 : appel de Julia dans la chambre (N° 401). Le dossier est OK. Nous devons retourner au Ministère à 9h00 le lendemain pour récupérer le droit de visiter l’enfant qui aura 5 ans en juillet et expliquer rapidement son dossier.

Promenade le soir le long de la Volga et dîner dans notre chambre. Très mauvaise nuit.

Jeudi 5 février

8h40 : rendez-vous avec Julia qui m’offre un présent pour mon anniversaire : un flacon typique de Nizhny.

 9h00 : Ministère. Stanislav, né le 18 juillet 1999. Ses parents se sont séparés. Il a une demie sœur (Natalia 18 ans) et un demi frère (14 ans), dont la garde a été confiée au père. Stanislav a été placé à l’orphelinat à l’âge de 2 ans ½. Un jugement de déchéance parentale a été rendue à l’encontre des parents pour cause d’alcoolisme et de manque d’entretien des enfants.

                        

Stanislav n’avait pas encore été présenté à l’adoption car il fallait attendre que sa demie-sœur renonce à ses droits à sa majorité.

9h30 : en route vers l’orphelinat : deux heures de route sur une route recouverte de neige. Julia conduit d’une seule main à 130 km/H sans problème. Nous accrochons discrètement nos ceintures à l’arrière.

Nous passons prendre l’inspectrice de l’équivalent de la DAASS au chef lieu de canton.

12h15 : arrivée à l’orphelinat qui se situe dans un petit village :

                          

Nous rentrons dans une petite pièce de 9 m2 : l’infirmerie.

Rencontre avec le médecin (une dame d’une soixantaine d’années) et l’assistante sociale.

Nous devons attendre qu’il nous trouve une salle pour la rencontre. Nous sortons mettre nos manteaux dans une armoire et un petit garçon nous passe devant très vite pour s’installer sur une petite chaise de l’infirmerie.

Je demande à plusieurs reprises s’il s’agit de Stanislav. Personne ne me répond. Je le rejoins, il est prostré sur sa chaise, tête baissée. Je lui caresse la main , il ne me regarde pas et l’assistante sociale le ramène avec elle.

Ils doivent d’abord nous lire le dossier social et médical. L’angoisse. Nous n’avons pas eu le temps de le voir.

L’inspectrice nous raconte son histoire. Nous entrapercevons des photos à son arrivée. Il est craquant.

Sa mère est née en 1966 : elle a eu 3 enfants d’un premier mariage dont la garde a été confiée au père lors du divorce en raison de son alcoolisme. Elle a eu Stanislav avec Sergeï né en 1959. Ils n’étaient pas mariés.

L’enfant leur a été enlevé et placé à l’orphelinat en octobre 2001 en raison de l’alcool pour les deux.

Ni l’un ni l’autre n’a rendu visite à Stanislav depuis. Seule sa demie-sœur est venue régulièrement, en décembre la dernière fois où elle a donné son accord pour l’adoption.

La seule personne qui pourrait nous poser des problèmes est une grand-mère qui habite le village. Elle n’est jamais venue voir Stanislav mais elle peut s’opposer à l’adoption. C’est pourquoi ils préfèrent ne pas dire à Stanislav qui nous sommes pour que toutes les infos restent confidentielles et ne sortent pas de l’orphelinat.

L’assistante sociale nous dit qu’il est très sociable, qu’il aime le dessin, la pâte à modeler mais qu’il n’était pas très assidu car très actif.

Dossier médical : aucun problème. Juste une bronchite par an.

Finalement, ils n’ont pas trouvé de plus grande salle. Stacik (le surnom de Stanislav) revient et saute sur sa petite chaise. Je lui dit « Minia Zavout Sophie » (je m’appelle Sophie) et l’assistante sociale lui fait répéter.

Il est très beau. Il nous regarde. Je lui sort une peluche qu’il m’arrache des mains. On lui fait dire merci. Puis nous lui donnons son camion rouge qu’il s’amuse tout de suite à faire rouler. Nous jouons un moment à nous l’envoyer. Il sourit.

Nous lui donnons un paquet de bonbon : il en prend un et en offre un à tout le monde avec un petit sourire. Je me lève ensuite et il me saute dans les bras. C’est surréaliste. On nous donne alors l’autorisation de le photographier : il adore se regarder sur l’écran de contrôle.

Le contact est si fort qu’on en oublie les 4 autres personnes présentes dont Danil le traducteur à qui nous sommes toujours obligé de demander ce que Stacik dit.

Son dessin animé préféré est Winnie Pooh. Il se lave tout seul les dents, fait la sieste et dort très bien la nuit.

Il a une force inouïe, de grandes mains, un petit bidon et une superbe bouche.

Il est très câlin et reste un long moment dans mes bras, prêt à s’endormir.

                                  

Comme il est fatigué et a dépassé d’1/2 heure l’heure de la sieste, nous devons le libérer. On lui demande s’il veut retourner dans le groupe, il dit non. Il part aussi vite qu’il est arrivé. Bernard remplit une déclaration où l’on donne notre accord pour adopter Stacik.

Nous rentrons sur Nizhny avec des images plein la tête.

Le soir B. m’offre un repas d’anniversaire dans un super restaurant « Mon Paris ».

  Vendredi

à 10h00 nous signons chez le notaire notre engagement pour l’adoption. Nous nous promenons toute la journée.

 

Samedi  

6h00 :retour sur Metz où nous racontons à nos proches notre rencontre ainsi qu’aux membres du forum Yahoo adoption Russie avec un mot spécial à Laurence Vivien de Verdun qui m’a donné toutes les infos pour la constitution d’un dossier d’adoption sur Nizhny. Elle a elle-même déposé un dossier il y a un an pour un bébé de moins d’un an.